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Construire en terre crue

La terre crue, matière première naturelle, est un matériau écologique clé, qui permet de réaliser des murs porteurs et des cloisons.

Abondante et disponible quasiment partout, elle a un excellent bilan énergétique : peu de transport, peu ou pas de transformation et un recyclage facile en cas de démolition. C’est aussi, avec le matériau paille, l’un des plus économiques.

Le terre crue, un matériau toujours à la mode

Probablement le plus vieux matériau de construction du monde , la terre crue est toujours utilisé dans l’habitat écologique moderne, principalement pour donner de l’inertie à une maison à ossature bois. Elle présente également des propriétés acoustiques et hygrométriques (elle retient l’eau puis la restitue lentement) très intéressantes. Son principal inconvénient réside dans sa mise en œuvre qui est toujours consommatrice de temps et de main d’œuvre.

Quelle terre utiliser pour la construction ?

  • La terre de construction se trouve sous la terre arable ou végétale (cette terre noire et humique qui contient des matières et vies organiques). La terre végétale doit être décapée sur 10 à 30 cm (en fonction des terrains) afin d’atteindre la terre propice aux travaux. Elle se compose de : roches, cailloux, graviers, sables, limons, silts, argiles, vases et oxydes.
  • La terre est choisie en fonction de sa teneur en argile (qui a le rôle de liant) qui sera comprise entre 12 à 18%, les sables et graviers servant de charge.

Les utilisations de la terre crue

  • Bauge et pisé, de forte épaisseur, peuvent être utilisés comme éléments porteurs d’une maison (cf. maisons en bauge du bassin Rennais).
  • BTC, adobe et torchis seront, pour leur part, utilisés pour les cloisons intérieurs ou le doublage de mur, mais aussi, en ce qui concerne les briques, en stockage de chaleur devant un mur souvent ensoleillé, un mur trombe ou autour d’un poêle de masse.

La bauge

bauge

La bauge est un système de construction fait de terre empilée, mélangée avec des fibres végétales (parfois animales). On dit que c’est un système de construction monolithique.
La terre très argileuse est débarrassée des plus gros cailloux, puis elle est malaxée avec de l’eau et des fibres  qui maintiennent la cohésion. Des mottées sont formées et assemblées en « levées » d’une hauteur d’environ 60cm et sur une largeur légèrement supérieure à celle du mur de soubassement, dans le but d’être bâtonnées pour homogénéiser l’assemblage, puis retaillées (à la paroire) par la suite.

Fiche bauge à télécharger au format PDF ou à consulter en ligne

Le Pisé

Le pisé est également un système constructif monolithique de terre compactée.

  • La terre argilo sablonneuse est tamisée pour l’homogénéiser et surtout enlever les cailloux.
  • En fonction de sa nature, on peut y ajouter du sable ou de l’argile. Elle est légèrement humidifiée puis mise en œuvre par lits successifs entre deux banches, pour ensuite être compactée au pilon.
mur en pisé multicolore

Les adobes

adobes en cours de séchage

Les adobes sont des briques de terre crue additionnée de fibres.

  • La terre est mélangée avec des fibres végétales, puis versée dans des moules.
  • Une fois démoulées, les adobes sont mises à sécher au soleil pendant un mois pour être maçonnées à la terre.

Les BTC (Blocs de Terre Comprimée)

BTC, pour Blocs de terre comprimée, sont faits à partir d’une terre du type « pisé » légèrement humide. Les BTC sont très fortement comprimées à l’aide d’une presse puis sont stockées en cure humide (sous bâche) pendant 3 semaines, à la suite desquelles elles pourront être maçonnées à la terre.

Fiche BTC (Blocs de terre comprimée) à télécharger.

Le torchis

le torchis est mis en œuvre sur un lattis

 

Le torchis utilise le même mélange terre-fibres que la bauge, voire un peu plus humide.
Il permet de réaliser des cloisons plus fines. Le mélange est mis en œuvre sur une ossature et un lattis qui assurent le maintient de l’ensemble.

Les enduits

Enduits de protection ou de décoration, ils sont utilisables sur toutes les techniques de construction terre, mais aussi sur la pierre ou la paille.

  • Les enduits apportent aux isolations végétales leur protection face aux insectes, rongeurs et intempéries. Ils offrent aussi un confort intérieur par leur capacité de régulation hygrométrique.
  • L’épaisseur des enduits peut varier selon le but recherché (épais pour une bonne inertie ou fins en décoration).
  •  Ils peuvent être mêlés de fibres (paille, lin), pigments ou chaux, toujours en fonction de leur destination finale.

Photo : l’enduit terre autorise des formes arrondies (réalisation stage Tom Rijven)

La terre est aussi utilisée comme liant avec des fibres végétales (paille, copeaux…) en proportion variable, selon si l’on veut privilégier la capacité d’isolation  ou d’inertie. Ce mélange est alors mis en œuvre entre des banches ou dans des caissons.

Fiche isolation paille-terre à télécharger

l’enduit terre autorise des formes arrondies (réalisation stage Tom Rijven)

Références

Terre crue, Bruno Pignal, éditions Eyrolles
Traité de construction en terre, par l’association CRATerre